Le PetIT Journal a posé 3 questions à un Consultant indépendant et expert en organisation et Système d’Information – Frédéric Labail – NEXTIOO

Avis d'expert

LPJ – Quels sont les enjeux de la transformation numérique pour les entreprises, dont celles des secteurs du second œuvre ?

Frédéric Labail - NEXTIOO (FL) – Mes quelques 30 ans d’expérience me permettent aujourd’hui d’avoir une vision élargie des enjeux quant à la mise en place d’un Système d’Information. J’emploie ce terme intentionnellement car il regroupe beaucoup plus qu’une solution métier. Il est la colonne vertébrale d’une société pour la gestion de ses données qui doivent alimenter tous les services. Ce système doit donc gérer tous les flux et garantir leur fluidité et leur sécurité, et ce, que ce soit en termes organisationnels ou technologiques.

Ceci étant posé, passons aux enjeux qui poussent aujourd’hui une société à se lancer dans l’aventure de sa transformation digitale. Celle-ci s’inscrit dans une démarche d’industrialisation pour soutenir et accompagner sa croissance. Ensuite, viennent les problèmes liés au recrutement. Comment attirer et retenir les nouveaux talents ? En proposant une organisation de travail attractive autant qu’efficiente. Voilà qui pourrait résumer le point de départ d’une remise en cause de l’existant. La résultante est, bien entendu, la nécessité d’accroitre la productivité, de gérer ses marges… Bref ! d’être compétitif sur un marché en plein mouvance.

En effet, l’information mal maitrisée, mal organisée, mal diffusée et donc, mal exploitée, peut mettre l’entreprise en grande difficulté. D’où l’importance de se poser les bonnes questions avant la mise en œuvre d’un Système d’Information, comme par exemple : pourquoi ? pour qui ? Mais encore… Quel en sera le cadre stratégique ? Quels sont les besoins opérationnels ? Quelle sera l’implication des équipes dans le projet qui va impacter tous les métiers ?

LPJ – Ce qui nous amène à la 2^ème question : la digitalisation d’une gestion d’affaires réussie passe par : les solutions ? les services ? l’accompagnement ? l’organisation ? tout à la fois ?

FL – L’entreprise doit délimiter  son cadre stratégique, ce premier point indispensable sera le fil conducteur tout au long de sa recherche. Ensuite, il lui faut définir des objectifs concrets, que ce soit pour gagner du temps, sécuriser les données, mettre en place un outil plus collaboratif, éviter les doubles saisies, accroitre le nombre de chantiers à horizon ‘X’, avoir une vision micro et macro des affaires en temps réel, offrir à tous les collaborateurs un espace de travail optimal,…

A ce moment-là, de mon point de vue, réduire un Système d’Information à l’outil ou à la technologie serait une erreur. Il faut un juste équilibre entre tous les points que vous évoquez. Une technologie pas assez robuste, ou agile, ou spécialisée serait une erreur, mais un outil de pointe sans accompagnement ne sera pas non plus une réponse satisfaisante. Une bonne intégration est primordiale pour la réussite d’un tel projet qui touche l’épine dorsale de la société utilisatrice. De fait, elle nécessite une écoute, une prise en compte de l’existant, tant sur le plan technique que pour l’organisation des process. Une connaissance du métier est indispensable et un accompagnement sans faille permettront d’adapter les outils aux besoins de l’entreprise et non l’inverse. 

Il faut prendre du recul pour avoir une vue d’ensemble afin de préconiser la solution adéquate. C’est une démarche qui implique autant l’utilisateur que l’éditeur-conseil. Il faut que ce soit « leur » projet avec un partage des risques qui est la base d’un partenariat, même si ce mot est galvaudé, il a toujours un sens pour que le déploiement d’un Système d’information soit réussi.

LPJ – Notre 3^ème et dernière question portera sur votre vision de l’évolution de la transition numérique ?

FL – Le sujet Système d’Information devient prégnant pour les sociétés industrielles, quelles qu’elles soient et donc pour le secteur du second œuvre que je connais bien. La prise de conscience est liée à plusieurs facteurs que j’ai déjà évoqués et que je vais résumer en quelques points non exhaustifs :

• La bonne gestion de la donnée, qui est une aide à la décision indéniable et indispensable.
• L’attractivité pour attirer et surtout garder les talents, qui sont l’ADN, les forces vives et l’expertise des entreprises.
• La pression réglementaire qui est de plus en plus forte et qui va certainement continuer à s’accentuer. Nous en avons un exemple avec la loi de finances concernant la facturation électronique.

Ceci étant dit, pour mettre en œuvre, aujourd’hui et demain, une solution efficace autant que robuste, adaptable autant qu’adaptée, ergonomique autant qu’accessible, de mon point de vue, il faudra que la technologie soit une brique, mais peut-être pas la plus importante. Un cadrage stratégique du projet en avance de phase sera primordial. Et ensuite, l’expérience, la connaissance métier, l’implication, la réactivité, l’accompagnement projet de l’éditeur-conseil seront essentiels. Une parfaite coopération entre l’intégrateur et son client est et restera un gage de réussite pour la mise en œuvre d’un Système d’Information.

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